Le blé

Fumure, labourage et préparation de la terre s'effectuaient comme pour le maïs. Après avoir semé le blé à la volée, on passait le rouleau tiré par la paire de vaches. Vers mai-juin, il fallait arracher les chardons à la main. Fin juillet, début août, les bords du champ étaient fauchés à la faux javelière.

Aussitôt après, le blé était coupé à la faucheuse tirée par une paire de vaches. Assis sur un siège de la machine, un homme muni du râteau à javeler, d'un mouvement ample et régulier, en faisait des javelles. Le premier paysan qui coupait le blé avertissait le sonneur de cloches qui carillonnait ; le dernier faisait de même et on carillonait aussi. Quelques jours après la fauchaison, les javelles étaient retournées à la faucille pour finir de sécher. Les gerbes étaient liées à la main et placées, debout, les unes contre les autres en de nombreux tas avant d'être transportées par chariots dans la grange. Le battage du blé (la batère) était la journée la plus terrifiante. La batteuse à tambour hérissé de pointes, mue par un moteur à essence, était installée dans la cour de la ferme. Le "mécanicien" agençait tout ce matériel, surveillait le bon fonctionnement de l'ensemble, graissait les engrenages, contrôlait la tension de l'interminable courroie... Trois hommes approchaient rapidement les gerbes, les déliaient et les plaçaient sur un long plateau à partir duquel un quatrième homme alimentait la batteuse de manière continue et régulière. A l'arrière, deux ou trois hommes dégageaient au fur et à mesure la paille et par fourchées, la transportaient autour du mât où un homme érigeait l'imposante meule. Effectué à un rythme d'enfer, sous une chaleur accablante, au milieu d'une poussière suffocante, ce travail bruyant était très éprouvant. Le pantagruélique repas du midi permettait aux hommes de souffler et de reprendre des forces avant d'effectuer, l'après-midi, un deuxième battage chez un des voisins. Moteur et batteuse étaient la propriété de 5 ou 6 voisins : le GAEC existait déjà.

Avant d'être ensaché et soigneusement conservé, le blé était séparé de la balle dans un tarare.
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